MANGER, plaisir ou danger ?
Après l’ « ESB » (encéphale spongiforme bovine), à l’origine de la maladie
de la vache folle, c’est au tour du virus H5N1, vecteur de la grippe aviaire
de venir jeter de l’huile sur le feu de la sécurité alimentaire mondiale, en
provocant une panique générale dans les fermes d’élevage, sur les marchés
avicoles et dans nos assiettes. Le tout, au grand dam des mordus de la
viande blanche. Face à ces épizooties à répétition qui nous coupent sans
cesse l’appétit, nous sommes en droit de nous interroger sur l’évolution de
l’alimentation humaine de la préhistoire à nos jours.
Pour ce faire, nous allons étudier ce thème aussi important que vaste en
trois parties :
La première que consacre le présent dossier nous montrera comment Lucy
(premier Homme préhistorique découvert en Afrique) et ses congénères se
nourrissaient pendant la préhistoire ;
La deuxième partie (dossier de Décembre 2005) nous dira comment
l’alimentation des hommes a évolué de la cueillette à la cuisine ;
Enfin, dans la dernière partie de l’étude, (dossier de janvier 2006), on
verra comment on n’est passé de la cuisine à la gastronomie, avec ses
plaisirs et ses dangers.
1ère partie : Se nourrir pendant la préhistoire
Il y a peut-être plus de dix millions d’années, un primate utilisa ses
membres antérieurs pour saisir la nourriture. Jusqu’alors, les êtres qui
l’avaient précédé mangeaient directement avec leur museau. Les
paléontologues ont examiné les dentitions de ces créatures qui, désormais,
se distinguaient des autres animaux. La petitesse des canines et des
molaires indiquaient une alimentation composée de végétaux plutôt tendres :
feuilles, fruits, baies, champignons. Puis, au fil des millénaires, ces
êtres ont adoptés la station debout. Une vision plus large, une capacité de
préhension plus fine ont élargi leurs champs d’investigation pour la quête
de nourriture.
Les menus de Lucy
Les australopithèques comme Lucy, qui vivaient sur le continent africain il
y a plus de trois millions d’années, pouvaient trouver dans les savanes des
végétaux différents de ceux poussant dans la forêt qu’avaient consommés
leurs ancêtres. La cueillette et la consommation de graines de céréales, de
légumineuses riches en protéines contribuent, au cours des millénaires, au
développement du cerveau. Les dentitions retrouvées montrent des molaires et
des prémolaires avec des traces d’usure de fibres végétales qu’il fallait
mâcher longtemps afin de bien les digérer. Petit à petit l’alimentation se
diversifie avec la consommation de petits animaux : rongeurs, mollusques,
poissons les plus faciles à capturer, œufs, insectes. Les protéines animales
permettent aux premiers hommes de vivres plus longtemps, de ce déplacer plus
loin, leur offrant ainsi l’occasion de découvrir des nourritures nouvelles.
L’homme chasseur :
Avec les premiers outils, le piégeage et la chasse se perfectionnent.
L’homme s’attaque au gros gibier. Sa nourriture devient principalement
carnée. Ainsi, les tribus du paléolithique, qui
vivent pendant la première glaciation entre -80 000 et -9800 ans avant
Jésus-Christ environ sont semi-nomades : elles se déplacent suivant les
saisons .Leur alimentation est irrégulière : à des périodes d’abondance
succèdent des périodes de disette . La recherche archéologique nous
renseigne sur les tableaux de chasse de nos ancêtres et sur leurs menus. Sur
une aire de stationnement située en Allemagne actuelle, un groupe de 40 à 50
Néanderthaliens a laissé les
restes d’animaux consommés durant quelques semaines : 80 rennes, 16
mammouths, 6 bisons, 5 chevaux, 2 rhinocéros, 1 loup, des rats, des grues,
des canards, des vautours, des poissons.
Les avantages de la cueillette :
Par rapport à la chasse, la cueillette apporte une certaine sécurité. Les
récoltes sont modestes mais la recherche de nourriture est moins hasardeuse.
Cueillir c’est d’abord prendre ce qui est à portée de main. Mûres,
framboises, mangues et autres baies sucrées sont des aliments au goût
plaisant mais qui ne rassasient guère. On trouve également les graines
enfermées dans des cosses qu’il faut décortiquer. Par les farines qu’elles
contiennent, elles apaisent plus sûrement la faim ; de surcroît, elles
conservent. Ces plantes que nous nommons LEGUMINEUSES, sous leurs formes
sauvages, sont les ancêtres de nos fèves, pois, lentilles. Les hommes
préhistoriques consomment aussi des fruits sauvages, nèfles, noix, noisette,
faines, baies…
A suivre…
Par B.Diaby
AfricadenceNews
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