Par Samira OUCHHI
AfriCadenceNews
samira.o@africadence.com
Les webradios et la musique africaine
La radio est certainement
le média le plus populaire en Afrique.
Elle semble parfaitement adaptée au continent africain pour retransmettre
sur les ondes une culture orale essentielle qui passe aussi bien par la
diversité des langues, des genres musicaux et des artistes. Face à cette
importance de la radio, comme média idéal pour diffuser la musique
africaine,
de nouvelles technologies apparaissent dans le
paysage musical : les webradios. Comment peuvent-elles s’insérer dans ce
domaine
et que peuvent-elles apporter de plus à la musique africaine, mais aussi à
beaucoup d’autres genres musicaux ?
La radio en Afrique :
« le media roi »
La radio fait l’unanimité en Afrique : facile à transporter, peu onéreuse et
pratique, elle diffuse sans discontinuer sur
les ondes des programmes nombreux, des artistes nouveaux, et des genres
musicaux variés que le public plébiscite.
C’est le média qui semble le
plus adapté au continent africain puisque une grande partie de la culture
passe par l’oralité, à tel point qu’on utilise l’expression de « média roi »
pour la décrire. On se raconte des histoires, on se transmet des chants, ce
que fait aussi la radio à tous les niveaux. Ne serait-ce qu’au Mali, on peut
compter 140 radios.
On peut différencier les radios FM et les radios diffusant sur ondes
courtes. Comme nous l’explique Eric Cordier du site de Radio-Afrique
(http://radioafrique.site.
voilà.fr), un site de radio listant les stations africaines que l’on peut
recevoir via les ondes radio en provenance d’Afrique, « les stations de
radio qui continuent à émettre en ondes courtes telle Africa n°1 depuis
Libreville pour nommer la plus connue, le font parce que c’est un moyen
fiable d’atteindre toute une région ou un continent dépourvu
d’infrastructures. Le matériel requis est une petite radio
dotée des ondes courtes,
et un peu d’électricité ou des piles. La FM est répandue
dans les villes mais susceptible de coupures au gré des aléas politiques,
tandis que les ondes courtes s’affranchissent des fontières ». Celles-ci
possèdent en outre quelques inconvénients que souligne également Eric
Cordier de Radio-Afrique :
|
|
« Les ondes courtes
ont l’inconvénient d’une qualité
audio de moyenne qualité dans le meilleur des cas, et elles subissent les
aléas de la propagation ionosphérique, mais en contre partie on peut
transporter facilement son récepteur et écouter de n’importe où ».
Face à ce phénomène radiophonique à la fois diversifié
techniquement et de grande ampleur en variant d’un pays à l’autre, comment
les webradios peuvent participer à une plus grande diffusion de la culture
africaine ?
Les webradios dans le paysage musical
africain
La webradio, comme son nom l’indique, nécessite un équipement informatique
adéquat. Cela a plusieurs conséquences. La première est que la radio devient
de fait un média fixe : on ne peut certes pas transporter sa webradio avec
soi aussi facilement qu’un petit poste radiophonique. La seconde est que
cette installation est beaucoup plus onéreuse que la radio traditionnelle
puisqu’elle implique de disposer d’un matériel informatique. En Afrique,
c’est un média qui est difficilement accessible et donc moins propice à se
développer. On peut alors s’interroger sur ce que la webradio peut offrir de
plus à la culture africaine que la radio hertzienne ne permet pas déjà ?
Internet permet à la radio d’émettre dans le monde entier. Cela offre de
facto une plus grande audience aux artistes en leur permettant de disposer
d’un nouveau média pour se faire connaître en dehors de leurs frontières.
Des webradios comme Paradise FM en sont le parfait exemple. En effet cette
radio a pour but de « promouvoir la musique afro-caribéenne ». Elle émet
partout dans le monde via Internet. Les animateurs qui l’animent sont
d’ailleurs présents aussi bien à Paris, Bruxelles, Milan, New York que
Houston. Outre le fait de pouvoir toucher une plus grande audience, cela
confère à la diffusion de la musique africaine une dimension internationale
par l’intermédiaire d’un réseau Internet développé.
D’autres webradios comme Afrostation et Zoukstation diffusent également
24h/24h sur le Net des genres musicaux aussi variés que le coupé-décalé, le
ndombolo, le makossa… Les DJs qui animent les sites sont dispersés entre
Paris, Montréal, New York pour nous faire partager leurs mix. Ces radios
invitent même des jeunes artistes en quête de reconnaissance à leur envoyer
leurs sons (avis aux intéressés).
|
|
L’avantage des webradios résident
également dans leur possibilité de couvrir de larges zones géographiques et
de pouvoir communiquer d’un continent à l’autre. Le réseau peut ainsi suivre
les tournées et les artistes au gré de leur déplacement.
Le studio de New York de Paradise a
ainsi déjà reçu la visite de Meiway, Alfa Blondy, et DJ Kaloudji. La
webradio semble donc présenter de nombreux avantages qui ne remettent pas
pour autant en cause la place de la radio traditionnelle.
La webradio :
le média de l’avenir ?
La radio hertzienne a certainement encore de longues heures à vivre avant
que la webradio ne la supplante.
Ce nouveau média provoque certes de nombreux émules, mais aussi de nombreux
débats, notamment en matière de réglementation. Comment doit-on considérer
les webradios ? Doivent-elles payer les mêmes droits que les radios
hertziennes ? Des questions encore en débat qui révèlent le caractère
novateur de la webradio. La question de l’accès à l’informatique est
également essentielle, notamment en Afrique, où il fait cruellement défaut.
Dépassons alors le débat qui consiste à se demander si la webradio
remplacera un jour la radio traditionnelle. Ce débat n’est pas d’actualité
aujourd’hui. Nombreux sont ceux qui affirment d’ailleurs que cela n’arrivera
jamais. La radio hertzienne et la webradio ne sont pas deux médias en
concurrence. La webradio est simplement un nouvel instrument de diffusion de
la culture orale et musicale : une opportunité à saisir pour des artistes
qui souhaitent se faire connaître sur des ondes d’un type nouveau : les
fréquences web.
Alors oui, la webradio est un média d’avenir avec qui il faut désormais
compter, à défaut d’être le seul média de l’avenir : il est une oreille de
plus à l’écoute de musiques proches et lointaines, riches et souvent moins
connues que d’autres, à partager sans restriction.
Samira OUCHHI
AfriCadenceNews
samira.o@africadence.com
|