Par Quietterie ALBIENTZ
AfriCadenceNews
quietterie.a@africadence.com
Plus qu’un objet, un être
animé…
En Afrique, un masque qui
n’a pas dansé, qui n’a pas été porté n’a de valeur que pour les touristes
étrangers en quête de souvenirs exotiques. En effet, à l’origine, on trouve
deux catégories de masques : les masques sacrés et les masques profanes.
L’identité de celui qui le porte reste secrète, et sa personnalité s’efface
pour laisser au masque la possibilité de prendre vie. L’homme n’est alors
que le support d’un être aux fonctions particulières.
Masque Guéré, Côte d'Ivoire
Les masques sacrés
Les masques sacrés sont ceux que l’on
utilise au cours de cérémonies rituelles, ils ne sortent que pour des
événements importants de la vie religieuse (par exemple lors des rites de
passage, de purification, d’initiation, ou encore de sacrifice). Ils
représentent une force, une divinité et sont donc dotés de pouvoirs
religieux. Leur rôle consiste à montrer l’invisible et à protéger les hommes
des puissances maléfiques.
Masque KWo,RDC
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En général, on reconnaît les masques sacrés à
leur grande jupe de raphia de palmier séché, leur coiffe imposante (souvent
constituée de plumes, de peaux, ou de tissus recouverts de cauris) et leurs
ornements (comme les grelots aux pieds qui permettent de marquer le rythme).
Masque Dan, Côte d'Ivoire
Les masques profanes
Utilisés notamment lors des fêtes de réjouissance, les masques profanes sont
faits pour divertir. Ils incarnent souvent les ancêtres et leur fonction est
d’attirer leur âme, source de puissance vitale. Immortels, les ancêtres
matérialisés par les masques deviennent ainsi les dépositaires du patrimoine
culturel de l’ethnie. Détenteurs de la mémoire collective, ils transmettent
l’histoire du peuple en question.
Masque lunaire
Fang, Gabon
Malgré la grande diversité des
personnages qu’ils peuvent représenter, un certain nombre de masques sont
utilisés très fréquemment :
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le masque griot :
compagnon du masque sacré et chanteur solitaire, il lui adresse des
louanges,
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le masque chanteur :
présent dans toutes les fêtes, il est une sorte d’historien généalogiste et
vante les exploits des ancêtres,
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le masque danseur :
doué d’une grande vitalité, il est très souvent accompagné du masque
chanteur, |
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le masque mendiant :
en attendant d’être initié à la danse, à la guerre ou au chant, il distrait
l’assemblée par ses mimes et ses plaisanteries et mendie de la nourriture.
Le masque
africain valorisé ou menacé ?
Les
masques jouent dans les sociétés traditionnelles africaines un rôle
essentiel : ils permettent par le biais de rites et de cérémonies de
maintenir ou de rétablir l’harmonie sociale. Un masque a pour vocation
d’être porté, animé. Il n’a de valeur que s’il danse ou chante. S’il est
vrai que son rôle traditionnel s’efface progressivement au profit d’un
artisanat destiné à être vendu, il n’en reste pas moins un élément aussi
important dans sa symbolique comme dans son rôle concret que peut l’être
l’arbre à palabre.
Masque Demba,
Guinée
Aujourd’hui qu’en est-il ? Le masque
africain trouve dans sa commercialisation une forme de valorisation toute
différente de son origine. En Europe plus qu’ailleurs, il devient un objet
de décoration presque banal. Il est certain que cette commercialisation
n’est pas sans bénéfice pour les artisans africains et permet une relative
diffusion de leurs cultures. Mais n’oublions pas que même loin de leurs
racines, les masques qui trônent dans nos salons ont peut-être été pour un
temps le siège d’esprits, témoins et acteurs indispensables de cérémonies
traditionnelles. N’oublions pas qu’avant d’être de simples objets
esthétiques, ce sont des objets issus de traditions ancestrales et destinés
à vivre…
Par Quietterie ALBIENTZ
AfriCadenceNews
quietterie.a@africadence.com
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