Concert Oumou Sangaré au Festival
de Marne
Reportage B. DIABY (AfriCadenceNews)
Dans le cadre du festival de Marne, OUMOU SANGARE, la
reine du Wassoulou, la diva de la chanson malienne a enflammé le centre
culturel de Chevillyla rue ( une banlieue parisienne) où elle s’est produite
ce samedi 9 octobre 2004. Africadencenews se fait l’écho de ce spectacle
haut en couleur dans une salle archi comble où le « public blanc » a damé le
pion au « public noir » pour son plus grand nombre. Notons au passage que la
1ère partie du concert a été assurée par DABY TOURE : poly instrumentaliste
émérite, fondateur du groupe « Touré-Touré » et fils d’un certain Seta Touré
(frère aîné des célèbres « Touré Kounda »). OUMOU SANGARE, celle la même qui
à 21 ans a inscrit son nom au panthéon des grandes dames de la chanson ouest
africaine, a tenu l’assistance en haleine du début à la fin du concert. Sans
peur ni haine, elle a égrainé en deux de chants les maux de notre société
d’aujourd’hui (l’aigreur, l’hypocrisie, l’ingratitude…). Sans sourciller
elle a dénoncé une fois de plus les déboires de la femme africaine au foyer
en stigmatisant la polygamie et le mariage forcé. De frisson en rire,
d’émotion en joie, OUMOU, la sylphide à la voix suave a fait passé le public
durant tout le long de la soirée d’un état d’âme à un autre sans transition
et sans modération.
OUMOU SANGARĒ
« Comme
toutes les stars véritables, dans n’importe quel style de musique, Oumou
Sangaré doit sa place dans le panthéon ouest-africain à quelque chose qui
dépasse largement la capacité de bien chanter ». C’est ainsi que l’on
présente la diva dont l’immense talent s’accomplit dans la composition de
ses propres chansons, où elle critique la réalité sociale, défend les droits
des femmes avec force, représente publiquement sa génération et son sexe.
Elle ose exprimer sans peur sa manière de penser, ce qui en tant que femme,
et plus particulièrement femme africaine, ne peut que toucher un grand
nombre de personnes qui se reconnaissent dans des valeurs et des luttes
essentielles.
Oumou
Sangaré naît à Bamako en 1968, ses parents ayant émigrés de la région du
Wassalou vers la capitale en plein développement du Mali. Sa mère, Aminata
Diakhite, chanteuse également, connaît comme la plupart des femmes de sa
génération la polygamie, dont la souffrance qu’elle peut causer marque
beaucoup la petite fille. Sa mère l’encourage à travailler son incroyable
talent, et la soutient, comme au moment de monter sur scène pour la première
fois au stade omnisports de Bamako où elle lui souffle : « chante comme si
tu étais à la maison, dans la cuisine ». Oumou Sangaré a alors 6 ans.
En 1986,
après avoir parcouru l’Europe dans la troupe de percussions traditionnelles
de Bamba Dembelé, Oumou Sangaré revient avec la volonté de former son propre
groupe et d’élaborer sa propre musique. En travaillant aux côtés de
l’illustre arrangeur Amadou Ba Guindo, et avec la collaboration d’un
excellent groupe de musiciens, naît un son précis et très personnel, à la
fois ancré dans la tradition, original et moderne. La chanteuse remplace
notamment le violon traditionnel à corde en écrin de cheval par le violon
moderne jusque là inutilisé dans une formation wassoulou. Oumou nous laisse
entendre une musique unique.
Après deux
ans de dur labeur et d’expérimentation, le groupe obtient un contrat
d’enregistrement. Il suffit de sept jours pour graver « Moussolou », six
compositions originales d’Oumou dans les studios légendaires de JBZ, à
Abidjan. Cet album constitue une révolution dans la manière d’enregistrer et
de produire la musique africaine.
En 1989, la
cassette se vend à 200 000 exemplaires, succès immense qui fait d’Oumou une
star âgée de 21 ans.
Suite à une
prestation époustouflante au Festival d’Essaouira en juin 2002, Oumou est de
nouveau présente sur les scènes internationales. Durant l’été 2003, elle se
produit sur plusieurs grandes scènes européennes parmi lesquelles Vienne
(France), Paleo (Suisse), Womad (Royaume-Uni).
En
septembre 2003, World Circuit publie un CD-compilation des meilleurs titres
d’Oumou Sangaré.
Aujourd’hui
cette diva venue du Wassoulou remplit les salles de spectacle, touche le
public par sa voix suave et l’interpelle par ses paroles profondes qui ne
peuvent laisser personne indifférent.
Samira Ouchhi
AfriCadence News
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